Hmong, l'art de la séduction

Mon intention, à travers ce film, a été de rendre hommage à un peuple opprimé mais adaptable et fier, les Hmong, et de mettre en exergue des aspects méconnus de leur patrimoine immatériel.

Au Viêt Nam, les Hmong sont considérés par le pouvoir et l’ethnie majoritaire — les Kinh — comme un peuple inférieur que l’on n’hésite pas à déplacer à des centaines de kilomètres en évoquant des raisons fallacieuses. Depuis deux millénaires, les Hmong fuient l’hégémonie chinoise pour se réfugier là où nul n’imaginerait la vie possible.

J’ai souhaité présenter ce peuple à travers ce qu’il a de plus noble : une culture préservée malgré les événements sanglants qui ont émaillés son histoire, une culture préservée, mais pas fossilisée, bien au contraire, une culture vivante qui s’adapte admirablement aux changements radicaux que connaît actuellement le Vietnam, sans toutefois se renier.

Peuple sans écriture, mais dont la littérature orale pourrait, sans pâlir, jouxter les plus beaux poèmes des civilisations de l’écrit. Lorsqu’ils se courtisent, localement ou à distance, les Hmong transposent leurs paroles enflammées sur des guimbardes ou à travers des feuilles sifflantes. Au cours des funérailles, ils communiquent avec l’âme des défunts en chantant ou en narrant les textes de leur patrimoine oral avec un orgue à bouche.

Les femmes se plaisent à arborer des costumes aux couleurs vives, à porter de lourdes coiffures et des bijoux pour se rendre au marché hebdomadaire. Malgré les chemins escarpés, les kilomètres et les lourdes charges, hommes et femmes conservent élégance et fierté : fierté d’appartenir à un peuple fort, fierté d’assumer des choix malgré les difficultés, fierté d’une liberté gagnée par le travail. Une alchimie qui reste toutefois bien mystérieuse au regard des souffrances endurées au quotidien.