Instruments du Moyen Âge européen 3/3


SOMMAIRE


Introduction

. Les sources documentaires

. Charavines-Colletière, un site médiéval…

. Acteurs & textes

Les vents

. Les flûtes

. La flûte de Pan

. La muse

. Les muses au sac

. Les hautbois

. Cors et trompes

. La trompette

Les cordes

. Le rebec

. La vièle

. Le tambourin à cordes

. Le psaltérion

. La vielle à roue

. La guiterne

. La citole

. Le luth

. La vihuela

. La harpe

. La harpe à harpions

Les claviers

. Le clavicytherium

. Le clavicymbalum

. L'orgue

Les percussions

. Les tambours

. Les cloches

Remerciements

 

PAE associés

> Chants du Moyen Âge européen

> Les instruments de musique du psautier d'Utrecht

 

DOCU associé

> L'instrumentarium musical du château de Puivert



Le claviers

Le clavicytherium, un ancêtre du clavecinpar David Boinnard

David Boinnard a fabriqué un clavicytherium (ou clavicitherium) d'après un original conservé au Royal College of Music de Londres. Cet original est daté vers 1470-1480 et est estimé de provenance bavaroise ou autrichienne. Il couvre plus de trois octaves. Le plan des cordes est vertical ; il mesure 149 cm de haut, 69 de large et 28 de profondeur. Malgré la table placée derrière une partie du plan des cordes, vers 1511, Sebastian Virdung le présente comme une harpe à clavier. Cet argument a incité David Boinnard à équipé sa reconstitution de cordes en boyau. Les sautereaux, constitués d’équerres, retombent sous l’effet de leur propre poids.

 

Durée : 04:17.


 

Clavicytherium

Cet instrument, construit par David Boinnard, est parfois considéré comme une “harpe à clavier” du fait de ses cordes en boyau tendues sur une caisse verticale. Sa sonorité surprenante se différencie nettement des instruments de la famille du clavecin.

Christophe Deslignes interprète une pièce du Codex Faenza : « Non el so amante ». Ce recueil du début du XVe s. constitue le premier témoignage marquant d'un répertoire pour clavier, développant souvent des diminutions et des ornementations virtuoses sur des pièces de compositeurs plus ou moins connus du siècle précédent.

 

Durée : 02:52.


 

Le clavicymbalum

Clavicymbalum, Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime), vers 1460.
Clavicymbalum, Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime), vers 1460.

Ancêtre du clavecin, le clavicymbalum est un psaltérion (micanon) mécanisé qui se joue horizontalement. Les cordes sont pincées par un empennage. Nous le connaissons par quelques représentations iconographiques, mais surtout par le plan réalisé vers 1440 par Arnault de Zwolle à la cour du Duc de Bourgogne. Vers 1460, Paulus Paulirinus de Prague le décrit porteur de cordes métalliques.

Ci-contre une rare iconographie : un vitrail de Caudebec-en-Caux (Seine-Maritime), vers 1460.

 

Le clavicymbalum

Durée : 02:23.

Christophe Deslignes joue la « Clausula Haec dies » d'après le Magnus liber organi de graduali et antiphonario pro servitio divino (Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Ms Pluteo 29.I) Ecole de Notre-Dame, de Jean-Claude Monzani.


 

L'orgue, une histoire à rebondissementpar Christophe Deslignes

Durée : 11:05.

Christophe Deslignes dresse une brève histoire de l'orgue, de l'époque romaine à la Renaissance.


 

L'organetto, voyage au cœur de la machinerie, par Christophe Deslignes

Durée : 03:20.

Christophe Desligne nous invite à un passionnant voyage au cœur de la machinerie d'un orgue portatif. 


 

Les orguines françaises chromatiques

Concernant les instruments médiévaux, le terme “orguines françaises chromatiques” se justifie par rapport à l'orgue roman qui était diatonique. Quant à “orguines”, c'est effectivement une occurence en langue d'oïl assez répandue qui semble désigner l'orgue portatif. En chaque langue dispose d'un terme propre pour désigner l'orgue portatif : orghanetto, orguines (langue d'oïl), orguens de Coll, portatyves, organos portatiles.

 

Voici quelques citations pour “orguines”, d'après Jean Marot, le Voyage à Venise :

« Durant ce temps, trompes, cloches, business

Menoyent ung bruyl doulx et armonieux

Musiciens avecques les orguines

Disoyent mottez et chansons célestines » […]

« Bussines et chalemines

Clerons et doucines

trompes tabours lucz

Rebecz, orguines. »

 


Durée : 02:52.


 

L'orgue positif

L'orgue sur pied utilisé ici, propriété du CNSM de Lyon, répond à une facture identique aux représentations et traités du XVe s.

Christophe Deslignes interprète la pièce « Mit ganzcem willem » composée par le virtuose aveugle Conrad Paumann (1410-1473). Le facteur de clavecin David Boinnard fait fonction de “souffleu”. Il relève les soufflets qui retombent grâce à des poids placés sur leur rebord supérieur. En bon accord avec l’interprète, il donne vie au son en modulant l’arrivée d’air au moyen d’accents et de dynamiques.

 

Durée : 02:16.



Les percussions

Les tambours

Le tambour à fût et à baguette, appelé fréquemment tabor déformé en tambor, tabour, apparaît dans l'iconographie dès le XIIe s. Le terme tambourin n’est pas médiéval, mais constitue un générique bien utile. Le plus souvent, c'est un instrument de petite taille, sans doute chantourné dans un tronc, accroché au bras d'un musicien jouant d'une flûte. Il est difficile de voir s'il comporte une ou deux membranes. Le timbre est, par contre, fréquemment représenté.


Celui-ci permet de résister à la tension de deux peaux fortement tendues grâce à des tendeurs (bagues en cuir) resserrant des cordelettes enfilées dans des trous percés sur le bord de la peau. Les cercles permettant de resserrer régulièrement celle-ci ne semblent pas apparaître avant le XVIe siècle. Cet instrument, battu à deux baguettes, trouve vite une utilisation de signal dans un cadre militaire. Notons de rares représentations de grosse caisse, généralement tardives. Elles sont le plus souvent battues à deux baguettes.

 

Tambour

Durée : 01:26.

En tenue ménétrière du XVe s., Maxime Fiorani bat un grand tambour réalisé par Mario Folch Llovera. À la différence du tambour du XVIe s., il n’y a pas de cerclage enserrant les deux peaux qui permet une tension plus régulière.

Cette bande ménétrière, composée d’une chalemie (Xavier Terrasa), d’une bombarde alto (Hervé Barreau) et d’une trompette de ménestrel (Gilles Rapin) interprète « Je suis d'Allemagne », une danse des dernières années du XVe s. avec une l’écriture polyphonique à trois voix.


 

Cornemuse, chalemie, tambourin

La plus ancienne représentation iconographique d’un tabor sur cadre à sonnailles date de 1320 dans le ms BnF-F.60, f.141.

Sur une chanson du Manuscrit de Bayeux (vers 1500), « Adieu mes amours », Maxime Fiorani accompagne un couple de sonneurs, attesté dans l’iconographie dès le XIVe s., qui associe une cornemuse à hautbois (François Lazarevitch) et une chalemie (Xavier Terrasa).

Les possibilités du « tambourin à sonnailles » surprennent. En Espagne, les joueuses de panderetta et en Italie les joueurs de tamburello démontrent aujourd’hui qu’il permet une grande virtuosité.

 

Durée : 01:29.


 

Le carillon

Le carillon possède deux fonctions : l’enseignement des hauteurs de notes avec un ensemble de cloches souvent fixe, et l’annonce à travers le monastère d’évènements comme la mort d’un moine. Portatif, il s’appelle tintinnabulum des morts à Cluny.

Avec Xavier Terrasa (chant et organistrum) et Christophe Deslignes (chant et direction), Maxime Fiorani joue un carillon de la fonderie Blanchet, plus élaboré que ceux représentés dans l’iconographie, mais adapté aux nécessités d’un répertoire couvrant tout le Moyen Âge. La suite “chromatique” peut néanmoins se justifier par l’apparition des feintes (futures touches noires) sur l’orgue dès le début du XIIIe s. Utilisé selon son premier usage, l'enseignement, le carillon participe ici à la reconstitution d’une “leçon de musique” réalisée sur l’hymne à saint Jean-Baptiste Ut queant laxis attribué à Paul Diacre (Warnfridus), mort vers 799 au monastère du Mont Cassin.

 

Durée : 03:19.


 

Les cloches, outils de communicationpar Thierry Gonon

Thierry Gonon nous entraîne dans la longue et passionnante histoire des cloches médiévales qui équipent les églises chrétiennes.

Dans le monde chrétien, la cloche incarne la voix de Dieu. Selon Honorius d’Autun (1096-1141) : « On baptise la cloche pour appeler l’Esprit-Saint dans les vases et leur son véhicule leur prédication ».

Les cloches rythment la vie quotidienne des moines au moins depuis la Règle de saint Benoît écrite entre 529 et 543 : « À l’heure de l’office divin, on s’occupera de toutes les cloches avec empressement pour qu’elles soient bien entendues ». D’autres mentions antérieures dont celle de Césaire d’Arles (513-524) recommandent de « toucher la cloche ».

Le tintement s’adapte à chaque communauté. La volée, attestée en 591 par Grégoire de Tours qui précise que la cloche est mue par une corde, permet une plus grande portée sonore.

 

Durée : 06:58.



Remerciements

Yves d’Arcizas, Jeff Barbe, Hervé Barreau, Jean-Paul Bazin, Paul Benoît, Frédéric Billiet, Philippe Bolton, Alain Brassy, Pierre-Alexis Cabiran, Anne-Emmanuelle Ceulemans, Laura de Castelet, Pierre Catanès, Jean-Pol Colin, Martine Clouzot, Thierry Cornillon, Marie-Reine et Christian-Jacques Demollière, Christophe Deslignes, Olivier Féraud, Maxime Fiorani, Thierry Gonon, Guillaume Gross, Illo Humphrey, Catherine Ingrassia, Patrick Kersalé, Myriam Marcetteau, Evelyne Moser, François Moser, Francisco Orozco, Catherine Perrin, Nelly Poidevin, Olivier Pont, Gilles Rapin, Christian Rault, Christophe Robert, Jean-Paul Rigaud, Jean-Claude Roc, Nicolas Sansarlat, Xavier Terrasa, Alban Thomas, François Touvet, Eric Verdel et tous ceux que nous aurions malheureusement omis de citer.