Instruments du Rajasthan


Le Rajasthan est l’un des 25 états de l'Union indienne. Son instrumentarium musical traditionnel est riche des influences hindoues et musulmanes. Grâce aux cours des maharajahs où l'argent coulait à flot jusqu'à l'indépendance de l'Inde en 1947, des lignées de musiciens professionnels virtuoses se sont développées. Le musique traditionnelle y demeure vivante, portée par les nombreuses cérémonies et fêtes calendaires. Un vieil adage indien assure que les Rajasthanis en célèbrent neuf par semaine, c'est dire si les musiciens ne chôment pas !

Cerise sur le gâteau, nous vous offrons la prononciation du nom de tous les instruments !

 

Textes, photos, vidéos © Patrick Kersalé 1996-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 5 septembre 2024.


SOMMAIRE

Le Rajasthan

Les musiciens

Classification instrumentale indienne

tata vādya (cordophones)

. Luth tandura

. Vièle kamayacha

. Vièle ravanahattha

. Vièle sarangi

 

shūsirā vādya (aérophones)

. Clarinette pungi

. Flûte algoza

. Hautbois shehnai

avanaddha vādya (membranophones)

. Tambour dhol

. Tambours dholak & bhapang

. Tambour naqqara

 

ghana vādya (idiophones)

. Claquettes khartal

. Guimbarde morchang

 

DOCU associé

> Musiques au pays des Maharajahs

 



Rajasthan

Le Rajasthan (en hindi : राजस्थान, litt. « pays des rois ») est l’un des 25 états de l'Union indienne.  Il est bordé au nord par le Pendjab, à l’ouest par le Pakistan, au sud-ouest par le Gujarat, au sud-est par le Madhya Pradesh et au nord-est par l’Haryana. Il compte plus de 70 millions d’habitants sur une superficie de 342 239 km2. Sa capitale est Jaipur. Trois religions dominent : Hindouisme, Jaïnisme et Islam. Sur le plan linguistique, cohabitent le hindi et divers dialectes régionaux (malvimarwarimewati) regroupés sous le nom de rajasthani.

Le contenu Google Maps ne s'affiche pas en raison de vos paramètres des cookies actuels. Cliquez sur la politique d'utilisation des cookies (Fonctionnels) pour accepter la politique d'utilisation des cookies de Google Maps et visualiser le contenu. Pour plus d'informations, consultez la politique de confidentialité de Google Maps.

Le Rajasthan a été formé le 30 mars 1949, quand les anciens États princiers du Rajputana se sont fondus pour la création de l'Inde. Il est le fruit de multiples traditions historiques, principalement celle des Rajputs, mais aussi des Nath, Jat, Bhil, Ahir, Gujar et Meena.

Dans l'Antiquité, le Rajasthan actuel n’existait pas en tant qu’entité géopolitique. Il était gouverné par les divers empires et grands royaumes d’Inde tels que l’Empire Maurya, les royaumes des Malavas, Arjunyas, Yaudhyas, l’Empire Kouchan, les royaumes satrapes (Scythes), l’Empire Gupta et les Huns. Le Rajasthan n’émerge qu’à partir du début du VIIIe siècle, lorsque les clans Rajputs commencent à monter en puissance et à dominer la région. C’est entre le VIIIe et le XIIe siècle que les Rajputs connaissent leur apogée et que les rivalités entre les divers clans sont les plus vives.
La plupart des vidéos et enregistrements de ce PAE ont été réalisés dans le désert du Thar, terre rocailleuse, sablonneuse et aride se profilant au nord-ouest jusqu’au Pakistan. Là, vivent ou survivent des agriculteurs et des chameliers toujours en quête du bien le plus précieux : l’eau. D’autres musiques sont issues de la tradition de la cour du maharajah de Jodhpur.


Les musiciens

La musique populaire du Rajasthan est essentiellement interprétée par trois castes1 de musiciens professionnels : Manghaniyar, Langa — organisée en deux sous-groupes : les Sarangiya Langa s’accompagnant au sarangi et les Surnaiya Langa jouant le hautbois shehnai, la double clarinette murli et la flûte satara — et Dholi auxquels viennent s’ajouter les Bhopa. La musique est également jouée par tout un chacun et en particulier par les bergers.

 

1 La notion de caste a été abolie par la Constitution de 1947, mais cette structure sociale persiste dans les faits.


Classification instrumentale indienne

Dans le Nāṭya Śāstra नाट्य शास्त्र, les instruments de musique sont classés en quatre catégories selon des paramètres organologiques qui sous-tendent leur mode de production sonore. Dans le cadre de ce PAE, nous allons nous appuyer sur cette classification plutôt que sur celle, occidentale, appelée système Hornbostel-Sachs , une manière d'échapper à trop d'ethnocentrisme. Mais quoiqu'il en soit, les deux types de classifications se rejoignent ! Nous avons en revanche conservé le nom des typologies instrumentales définies par l'Occident.

  • tata vādya टाटा वाद्य, instruments à cordes (harpes, cithares, luths) ;
  • shūsirā vādya, instruments à vent (flûtes, trompes, cornes, conques, hautbois) ;
  • avanaddha vādya अवनद्ध वाद्य, instruments à membrane (tambours) ;
  • ghana vādya, préfiguration des idiophones décrits par Sachs & Hornbostel (lithophones, cloches, grelots, cymbales, gongs, carillons de gongs, racles, guimbardes).

tata vādya (cordophones)

Luth tandura

Luth à manche long, mesurant de 108 à 115 cm. L’ensemble de l’instrument, table d’harmonie comprise, est en bois. Il possède cinq cordes (parfois quatre) tendues par autant de chevilles situées à l’extrémité du manche. Quatre des cordes sont accordées à la tonique, et la cinquième à la quinte ; elles sont grattées avec la partie supérieure de l’ongle de l’index ou du majeur. Un doigt de l’autre main frappe rythmiquement la table d’harmonie.

L’instrument est joué par des chanteurs itinérants, des mendiants ou des musiciens de caste en accompagnement de chants religieux.

Musicien : Kishan Nath.

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, région du Mewar. Février 2006.

Durée : 01:00. © Patrick Kersalé 2006-2024.


 

La séquence pas-à-pas

00:00 - Ce musicien professionnel, ambulant, se rend dans les familles hindouistes pour chanter les louanges des divinités du panthéon hindou (chant bhajan). Nous l’avons rencontré fortuitement au bord de la route. Il s’est volontiers prêté à témoigner de son savoir-faire. Le bhajan est chanté à la fois dans les temples hindous et dans les familles pour célébrer les divinités et les invoquer, par exemple pour hâter l'arrivée de la mousson ou demander la protection contre les maladies. Il revêt une grande diversité de formes. Pour avoir une idée de cette diversité, il suffit de prendre la mesure de la pluralité de l’hindouisme : la tradition dénombre 330 millions de divinités ! En fait, tous les villages, toutes les catégories sociales et professionnelles, toutes les familles, et enfin tous les individus sont libres de se choisir, voire de créer leurs propres divinités. On remarquera la frappe de la caisse de résonance avec l’annulaire et l’auriculaire de la main gauche.

00:15 - Temple de Pushkar (Rajasthan), seul temple indien dédié à Brahma encore en activité. Idem pour les autres plans de coupe.

 

Vièle kamayacha

Autres noms : kamaica, kamaic, kumaic.

 

Description : Le kamayacha est une vièle à manche court et caisse de résonance monoxyle. Elle mesure environ 75 cm de long et 30 cm dans sa partie la plus large. La table d’harmonie est constituée d’une peau de chèvre sur laquelle repose un large chevalet soutenant trois cordes de jeu en boyau, groupées sur un côté du manche. Un nombre variable de cordes sympathiques, sont regroupées sur l’autre côté. Le sommet du manche est traversé par les chevilles d’accordage. La vièle se joue avec un archet de bois, long et légèrement courbé.

 

Jeu : La technique de jeu s’avère particulière ; en effet, la corde de jeu, située près du bord du manche, n’est pas appuyée contre ce dernier, comme par exemple dans le jeu du violoncelle, mais pressée latéralement avec la partie supérieure des phalanges distales. Les deux autres cordes en boyau servent de bourdons optionnels.

Cet instrument est joué par les Manghaniyar.


Musicien de l’ensemble Lok Kala Sagar Sansthan.

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jaisalmer. Février 2006.

Durée : 01:37. © Patrick Kersalé 2006-2024.

Cette séquence a été tournée lors du Festival du Désert (du Thar) au cours duquel est organisé un tournoi de polo à dos de dromadaire. Le kamayacha est accompagné d'un harmonium, des tambours dhol et dholak, de claquettes khartal.


 

Vièle ravanahattha

Zone géographique : Nord-ouest de l’Union indienne (Rajasthan, Gujarat).

 

Autres noms : râvanhattho, râvanahasta.

 

Description : Le ravanahattha रावणहत्था* est une vièle à manche long en bambou de 60 à 80 cm comportant une caisse de résonance réalisée avec une demi-noix de coco. Celle-ci est parfois recouverte de tissu ou d’une coque métallique épousant la forme de la noix de coco. Le manche de bambou est, quant à lui, recouvert de petites plaques de métal ouvragées. L’instrument dispose de deux cordes de jeu — une première, en crin de cheval torsadé, dédiée au jeu mélodique, et une seconde, en métal, faisant office de bourdon optionnel. L’instrument possède également une quinzaine de cordes sympathiques accordées diatoniquement avec, comme tonique, la corde du jeu mélodique. Les chevilles d’accordage se répartissent sur toute la longueur du manche.

L’archet en bois comporte des grelots coulissant sur une ficelle ; il est fait de crins de cheval lâches, tendus par le pouce au cours du jeu.

 

Utilisation : La vièle ravanahattha est jouée par les chanteurs religieux Bhopa qui narrent la vie et les épopées du dieu-héros Pabuji. Les Bhopa sont très présents sur les lieux touristiques où ils tentent de gagner leur vie en séduisant les distraites oreilles.

 

Musiciens : Hari Ram Bhopa, Suntos Bhopi. Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jaisalmer. Février 2006. Durée : 02:50. © P. Kersalé 2006-2024.

La séquence pas-à-pas

00:00 - Le musicien Hari Ram Bhopa. Remarquer les grelots fixés à l’archet.

00:03 - Épouse d’Hari Ram Bhopa : Suntos Bhopi, dans son costume et ses bijoux quotidiens.

00:56 - Pad représentant l'épopée de la divinité Pabuji constituée de 52 compositions poétiques (panwaras). Idem pour la suite.


 

Vièle sarangi

Joueur de vièle sarangi. Udaipur. Nov. 1996. © P. Kersalé 1996-2024.
Joueur de vièle sarangi. Udaipur. Nov. 1996. © P. Kersalé 1996-2024.

Zone : Union indienne, Pakistan.

 

Autres noms : saran, saranga (Jammu et Cachemire), sarang (Afghanistan).

 

Description : Le sarangi सारंगी est une vièle à manche court monoxyle. Il mesure de 66 à 69 cm de long. Sa caisse de résonance, tendue d’une peau de chèvre, présente deux importantes dépressions latérales. Il est muni de :

  • deux cordes métalliques accordées à l’unisson de la tonique ; la première est jouée par pression latérale des phalanges distales et la seconde est un bourdon optionnel.
  • deux cordes de boyau accordées à la quinte et à la tonique inférieure.
  • seize fines cordes sympathiques en métal.

Les chevilles d’accordage des cordes de jeu traversent le sommet du manche. Les chevilles d’accordage des cordes sympathiques sont réparties sur la largeur du manche, du côté opposé à celui du jeu. L'archet de bois est long et légèrement courbé.

 

Utilisation : Musique hindoustani du nord de l’Inde et du Pakistan, musique populaire du Rajasthan interprétée par les Sarangiya Langa.

Musicien : Abdul Samad Khan.

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jodhpur. Février 2006.

Durée : 01:00. © Patrick Kersalé 2006-2024.

À propos de la séquence

On remarquera la tenue de l’archet et le pincement des cordes avec le dessus des phalanges distales.



shūsirā vādya (cordophones)

Clarinette pungi

Zone géographique : Rajasthan, Pakistan, Népal.

 

Autres appellations : murli, been, tumbi, bansi.

 

Description : Le pungi पुंगी se compose de deux tuyaux : l’un mélodique, percé de trous de jeu, et l’autre, le bourdon, sans trou de jeu. L’extrémité supérieure des tuyaux est insérée dans une calebasse dont le rôle est de distribuer l’air aux deux anches idioglottes* à l'instar d'un sommier d'orgue liturgique. Contrairement à ce qui est véhiculé par une certaine littérature, cette calebasse n'est pas une caisse de résonance ; elle a le même rôle qu'un sommier d'orgue à tuyaux.

À propos de l’activité de charmeur de serpents : Elle est interdite par le gouvernement indien en vertu de la Wildlife Protection Act, 1972. Elle se déroule désormais dans la clandestinité et exceptionnellement, par encadrement de l’état. Les motifs indiqués sont liés à la limitation des prélèvements dans la nature, la lutte contre la maltraitance des serpents (arrachage des crochets et ablation des glandes à venin), la limitation des risques de morsure pour les touristes. Les musiciens de cette vidéo appartiennent à la caste des Sapera.

 

Musiciens : Jakdis Sapera, Ramzizal.

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jaipur. Février 2006.

Durée : 02:25. © Patrick Kersalé 2006-2024.


 

Flûte algoza

Zone géographique : Union indienne (Rajasthan, Pendjab), Pakistan (Sind).

 

Autre orthographe : alghoza.

 

Description : L'algoza अलगोज़ा est une flûte à bec double en bambou ou en bois. Dans cette vidéo, les deux flûtes sont identiques avec quatre trous de jeu chacune. Selon les régions, la taille et la structure des instruments varient. L'instrument est souvent paré de pompons rouges, comme ici.

 

Jeu : Le musicien (de la caste Rana) joue les deux flûtes de manière parallèle, les deux mains faisant exactement les mêmes mouvements. Il utilise la technique du souffle “circulaire” pour entretenir une continuité sonore. À certaines reprises, il extrait l'une flûte de sa bouche pour sécher l'excédent de salive.

 

Instruments d'accompagnement : La flûte est accompagnée par un tambour dholak et des cymbalettes manjira मंजीरा*.

 

Musiciens : Sitaram Rama (algoza), Yogiraj Rana (dholak), Ram Prasad Rana (manjira).

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jaipur. Février 2006.

Durée : 01:24. © Patrick Kersalé 2006-2024.


 

Hautbois shehnai

Autres noms : shana, shahnâi. On le retrouve sous le nom mwâli (Népal), sharnai (Pakistan), mahurî et mohorî (Bengale et en Orissa), sundari et sundrî (Maharashtra), swarnai (Cachemire). 

 

Description : Le shehnai शहनाई est un hautbois à anche double et perce conique doté de six à huit trous de jeu. Son pavillon évasé est soit en bois (hautbois monoxyle comme dans la vidéo), soit en métal. Il mesure de 30 à 50 cm. 

 

Jeu : Le musicien assure la continuité sonore grâce à la technique du souffle continu. Les trous de jeu sont bouchés non pas avec la pulpe des doigts, mais avec les phalanges* intermédiaires. 

 

Utilisation : La sonorité du shehnai est considérée comme auspicieuse. Ce caractère, associé à sa puissance acoustique, en font un allié des mariages, des processions rituelles et des orchestres de musique classique.


Musiciens : Deedar Khan (shehnai), Iqbal Khan (naqqara).

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jodhpur. Février 2006.

Durée : 00:56. © Patrick Kersalé 2006-2024.

La séquence pas-à-pas

00:00 - À Jodhpur, dans le fort de Mehrangarh, persiste une tradition consistant à accueillir les visiteurs en musique, aujourd’hui essentiellement des touristes nationaux et internationaux. Avant de franchir la quatrième porte de la forteresse, un duo composé d’un hautbois shehnai et d’un tambour naqqara interprète à longueur d’année des airs de répertoires populaire et classique. Depuis plusieurs générations, cette tâche est confiée à une famille, les Raj Nagarchi. Au total, six musiciens se relaient durant les heures d’ouverture du palais.

00:17 - Touristes visitant le fort de Mehrangarh.



avanaddha vādya (membranophones)

Tambour dhol

Description : Le dhol ढोल* un grand tambour cylindrique en bois, en fer ou en cuivre, tendu de deux peaux de chèvre pour les petits modèles et de vache pour les grands. Son diamètre atteint fréquemment 80 cm. Les deux peaux sont reliées par un système de laçage en Y dans lequel passe un anneau métallique permettant leur accordage selon deux hauteurs différentes :

  • la plus basse, à main droite (nar नर : mâle) est lestée par un mélange de cendres, de limaille et d’huile appliqué au centre intérieur de la peau ; celle-ci est percutée avec un bâton courbé.
  • la plus aiguë, (mada मादा : femelle), est tapée avec la paume de la main gauche.
  • Parfois, un second joueur superpose un rythme joué avec deux fines baguettes sur la peau mada (photo). Le dhol s’accompagne souvent du gong thali थाली, un terme qui désigne le plateau ou l'assiette dans lequel on mange.

 Utilisation : Autrefois utilisé comme outil de communication dans les villages pour annoncer les grands évènements de la vie ou un danger, il se rencontre aujourd’hui largement dans les orchestres traditionnels. Lors des festivals, qui se déroulent tout au long de l’année dans le Rajasthan, son jeu fait l’objet de concours (notre séquence vidéo).

 

Commentaire : Il existe, à travers l’Union indienne, de nombreux types de tambours. Le tambour est, dit-on, le roi des instruments. Conçu par Brahma, la divinité créatrice des hindous, il anima la danse céleste qui suivit la victoire de Shiva sur le démon Tripurasura. Selon la légende, Brahma aurait modelé le corps de son premier tambour avec de la terre mouillée par le sang du démon. Le dhol, l’un des plus grands tambours de l’Union indienne, se décline sous diverses variantes.


Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jaisalmer. Février 2006.

Durée : 00:33. © Patrick Kersalé 2006-2024.

La séquence pas-à-pas

00:00 - Le Festival du Désert de Jaisalmer, au cœur du Thar, est une vitrine de la culture rajasthani. On y élit Monsieur Désert en primant la plus belle barbe, le turban le plus élégamment installé dans le bref délai ou encore le meilleur joueur de dhol. Ce musicien semble vouloir démontrer que l’imagination humaine n’a pas de limite…

00:06 - Protagonistes attendant le verdict du jury à l’issue de l’épreuve du turban.

00:11 - Derniers ajustement avant le monter sur scène pour l’élection de “Monsieur Désert”.


 

Tambours dholak & bhapang

dholak

 

Zone : Union indienne.

 

Autres noms : dolak, dholki, dulki… Si le terme dholak signifie “petit dhol”, l’instrument qu’il qualifie ne comporte toutefois aucune des caractéristiques du dhol décrit dans l’article précédent.

 

Description : Le dholak ढोलक* est un tambour soit cylindrique, soit en forme de double cône, fait en bois et tendu de deux peaux de chèvre reliées par un système de laçage en Y dans lequel passe un anneau métallique permettant leur accordage à des hauteurs différentes. L’instrument mesure entre 40 et 50 cm de longueur pour un diamètre voisin de 20 cm.

 

Jeu : Il se frappe à mains nues. Les doigts de la main droite produisent une palette de sons “clairs” sur ou près de la bordure de la peau, tandis que la main gauche produit deux frappes principales, “sourdes” : une frappe ouverte et une frappe fermée. On joue également avec des roulements de doigts.

 

Utilisation : Tombé aux mains de la plupart des ensembles musicaux, il s’illustre par la richesse de son jeu, qui en fait un incontournable. Il est à la musique populaire rajasthani ce que le célèbre tabla est à la musique classique hindoustani.


bhapang

 

Zone : Rajasthan.

 

Description : Le bhapang भपंग* est un tambour à tension variable en forme de sablier dont seulement une des ouvertures est recouverte d'une peau de chèvre d'environ 16 à 18 cm. En son centre passe une ficelle traversant le fût. L’extrémité libre de la cordelette se termine par une poignée en bois.

 

Jeu : Le musicien maintient le bhapang avec le bras contre son flanc, saisit la poignée, gratte et tire la ficelle rythmiquement, faisant ainsi varier la hauteur de la note.

 

Utilisation : Dans les communautés Jogi d’Alwar et Bharatpur, le bhapang joue le rôle d’instrument de percussion pour accompagner les balades épiques à caractère religieux et les chants de dévotion. Des musiciens de scène l’utilisent aujourd’hui pour réaliser des démonstrations au caractère pittoresque.


Musiciens : Yogi Raj Rana (dholak) Mohosin Khan (bhapang).

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jaisalmer. Février 2006.

Durée : 00:54. © Patrick Kersalé 2006-2024.

Séquence organisée pour la nécessité de notre tournage avec ces deux musiciens professionnels. Peut-être jaloux des possibilités expressives du dholak, l’inclassable “fils du tambour et du monocorde”, tente de se mesurer — avec un certain brio ! — à son presque invincible rival.


 

Tambours naqqara

Joueur de tambour naqqara. Jodhpur, Fort de Mehrangarh. Nov. 1996. © P. Kersalé 1996-2024.
Joueur de tambour naqqara. Jodhpur, Fort de Mehrangarh. Nov. 1996. © P. Kersalé 1996-2024.

Zone géographique : Union indienne, Népal.

 

Autres noms : naghara, naghore, nakkare.

 

Description : Le naqqara नक़्क़ारा est un tambour hémisphérique joué par paire avec deux baguettes. Les deux instruments ont une taille différente : le grand est “mâle” et le petit “femelle”. Au cours du jeu, les deux peaux sont disposées l’une en face de l’autre selon un angle inférieur ou égal à 90°, permettant notamment au joueur d’effectuer des roulements entre les deux instruments. Le diamètre des peaux varie de 40 à 110 cm selon l’usage. Les plus grands sont des instruments fixes installés dans les temples hindous et servant d'avertisseur.

 

Utilisation : Autrefois tambour de guerre, aujourd’hui instrument de parade. On le rencontre également dans les temples et dans l’instrumentarium de certains groupes tribaux.

 

Musiciens : Iqbal Khan (naqqara), Deedar Khan (shehnai).

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jodhpur. Février 2006.

Durée : 00:57. © Patrick Kersalé 2006-2024.

La séquence pas-à-pas

00:00 - Deux musiciens Raj Nagarchi s’apprêtent à frapper les grands naqqara de cérémonie pour accueillir le Maharajah de Jodhpur en visite exceptionnelle au fort.

00:10 - La voiture du Maharajah.

00:13 - Un Raj Nagarchi guette l'arrivée de la voiture du Maharajah.

00:17 - Au moment où démarre la voiture conduite par le Maharajah lui-même, les naqqara sont frappés.

00:27 - Comité d’accueil du Maharajah.

00:43 - Accueil du Maharajah et de sa famille.



ghana vādya (idiophones)

Claquettes khartal

Jeune musicien Langa jouant des claquettes khartal. Nov. 1996. © P. Kersalé 1996-2024.
Jeune musicien Langa jouant des claquettes khartal. Nov. 1996. © P. Kersalé 1996-2024.

Zone géographique : Union indienne.

 

Etymologie : Le terme khartal खरताल se compose de deux mots sanskrits : kara signifiant main et tala, applaudir.

 

Description : Double paire de claquettes de bois rectangulaires d’environ 15 x 5 cm.

 

Jeu : Le joueur en tient une paire dans chaque main. Les planchettes, indépendantes, sont tenues verticalement dans le creux de la main, dans leur plus petite largeur, l’une actionnée par les doigts et l’autre par le pouce. La technique est difficile, mais les musiciens sont capables d'une prodigieuse virtuosité. Au Rajasthan, il est joué par les Manghaniyar et les Langa.

Musiciens : Gori Shankar Rana, Gori Nandan Rana, Kalu Rana (khartal), Yogi Raj Rana (dholak).

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jaipur. Février 2006.

Durée : 01:09. © Patrick Kersalé 2006-2024.


 

Guimbarde morchang

Zone : Union indienne, Pakistan, Népal.

 

Autres noms : morcang, murcang, murchang, mucang, muncang, mursing

 

Description : La guimbarde morchang मोरचंग se compose d'un anneau métallique en forme de fer à cheval avec deux fourches parallèles formant un cadre. La languette vibrante, elle aussi en fer, est fixée à l'anneau à une extrémité ; elle est pliée à l'extrémité libre dans un plan perpendiculaire à l'anneau afin d'être frappée et mise en vibration. Le morchang est fabriqué à l'unité par des forgerons.

 

Utilisation : Autrefois jouée par les bergers, elle est aujourd’hui tombée aux mains des musiciens professionnels et des passionnés du monde entier.


Musiciens : Mohosin Khan (morchang), Yogi Raj Rana (dholak).

Lieu & date : Union indienne, Rajasthan, vill. Jaipur. Février 2006.

Durée : 00:57. © Patrick Kersalé 2006-2024.

Ces deux musiciens sont des professionnels se produisant habituellement lors des rituels religieux, des foires aux bestiaux, des pèlerinages et autres mariages où il est de coutume de dépenser sans compter… Au Rajasthan, le nombre de fêtes est tel, qu’un vieil adage indien assure que les Rajasthanis en célèbrent neuf par semaine ! Et quand les artistes n’animent pas cérémonies et fêtes traditionnelles, ils courent les sites touristiques et se produisent dans les festivals nationaux. S'ils excellent, ils sont parfois invités à l'étranger.