L'orgue à bouche


L'orgue à bouche existe en Chine, au Japon, en Corée et dans la plupart des pays d'Asie du Sud-Est. Il est le plus ancien aérophone polyphonique de l'humanité, bien avant l'orgue hydraulique de Ctésibios d'Alexandrie. Il apparaît en Chine il y a plus de 3 000 ans et est parvenu jusqu'au temps présent sous des formes à la fois savantes et populaires. Il en existe des traces archéologique en Indonésie (Java, IXe s.) et au Viêt Nam (c. 500 AEC). 

Durant trois décennies, GeoZik a collecté les derniers témoignages de l'existence de certaines de ces formes populaires d'Asie du Sud-Est. Si sa pratique est très vivace en Thaïlande et au Laos, rien ne prouve qu'il survivra dans les autres pays au-delà des cadres folkloriques étatiques. Quoiqu'il en soit, cet instrument est un pur produit du génie humain !  

 

Textes, photos, vidéos © Patrick Kersalé 1995-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 5 octobre 2024.


SOMMAIRE

Introduction

Organologie

Typologies

Cambodge

. mbuat - Bunong

ploy - Khmer

Laos

khene - Lao Loum

khaen - Katu

duar - Oy

naw - Kui Luang

Japon

Thaïlande

Viêt Nam

. Archéomusicologie

đing nam - Êđê

khen - Hmong

Autres


PISTES PÉDAGOGIQUES

  • Cousinage. Quels sont les descendants organologiques de l'orgue à bouche en Occident ?
  • Homme-orchestre. Grâce à quels critères technologiques et de jeu, l'orgue à bouche peut-il potentiellement animer la danse ?
  • Permanence. Pourquoi, selon vous, l'orgue à bouche a-t-il traversé les âges sans disparaître ?
  • Allez plus loin avec les Éditions Lugdivine.

Introduction

L'orgue à bouche est présent dans les pays suivants (par ordre alphabétique) : Bangladesh, Bornéo, Chine, Corée, Inde, Japon, Laos, Myanmar, Thaïlande, Viêt Nam. Sa technologie varie selon les pays et les peuples ou ethnies. L'organologie occidentale propose une classification par type. L'orgue à bouche est majoritairement joué par les hommes, mais dans certaines ethnies (Êđê, Xa Pho) les femmes le jouent également.


Organologie

Anches en laiton. Hmong, Viêt Nam. © P. Kersalé 1995-2024.
Anches en laiton. Hmong, Viêt Nam. © P. Kersalé 1995-2024.

L'orgue à bouche se compose d'une série de tuyaux dont la longueur est définie par l'échelle musicale de la culture considérée à laquelle il convient d'ajouter, pour certains d'entre eux, une recherche esthétique. Chacun est doté d'au moins une anche libre en bambou ou en métal. Les tuyaux sont insérés dans une chambre de distribution d'air que nous appelons “sommier” dans ce PAE en référence à celui de l'orgue liturgique. Selon le cas, la base des tubes s'arrête au bord antérieur du sommier ou bien le traversent de part en part. Pour jouer, le musicien applique sa bouche sur une embouchure solidaire du sommier ou rapportée. Chaque tuyau est muni un trou de jeu situé au-dessus du sommier. Pour mettre l'anche en vibration, le musicien bouche ces trous. Sur les instruments comportant un nombre réduit de tuyaux, un doigt est affecté à un trou. Sur ceux ayant un grand nombre de tubes, un même doigt peut boucher alternativement plusieurs trous adjacents.

Anche en bambou.
Anche en bambou.

L'ensemble de ces caractéristiques permet de jouer en polyphonie. De plus, comme les anches fonctionnent aussi bien lorsque le musicien souffle que lorsqu'il aspire, il peut créer une continuité sonore. Mieux encore, en modulant le souffle, il est possible de générer une rythmique prompte à animer la danse. 

L'orgue à bouche est l'ancêtre des instruments occidentaux tels que l'harmonica, l'accordéon ou l'harmonium.


Typologies

Nous avons recensé cinq types d'orgues à bouche en Asie. Cette classification ne tient compte que de la structure des instruments et non de leur mode de jeu (les instruments dont le nom est en couleur sont traités dans ce PAE) :

I. Tuyaux parallèles juxtaposés traversant un sommier en calebasse, embouchure  solidaire ou tubulaire rapportée. Pays : Bengladesh, Bornéo, Cambodge, Chine, Inde (Nord-Est), Laos, Myanmar, Thaïlande,  Viêt Nam. Exemple : naw des Kui Luang, ploy des Khmer, duar des Oy.
II. Tuyaux en V traversant un sommier en calebasse à embouchure solidaire. Pays : Cambodge, Viêt Nam. Exemple : đing nam des Êđê.
III. Tuyaux juxtaposés en deux lignes parallèles, droites ou courbes, passant par un sommier monoxyle en forme de massue. Pays où vivent les Hmong : Chine, Laos, Thaïlande, Viêt Nam et diasporas à travers le monde. Exemple : khen.
IV. Tuyaux en radeau juxtaposés par paire, embouchure directe sur sommier tubulaire ou oblong en bois. Pays : Laos, Thaïlande, Viêt Nam (ethnie Thái). Exemples : khene des Lao et des Thai.
V. Tuyaux juxtaposés en cercle, embouchure directe sur sommier en bois ou métal. Pays : Chine, Corée, Japon. Exemples : shēng chinois, sho japonais. 

 


Cambodge

Malgré le grand nombre d'instruments de musiques représentés dans l'iconographie des temples khmers de l'époque angkorienne, aucun orgue à bouche n'y figure. En revanche, le Cambodge compte (comptait) trois types d'orgues à bouche. Le mbuat joué par les Bunong du Mondulkiri, le ploy (phloy) autrefois joué par plusieurs ethnies, aujourd'hui par les Khmer, et le khaen originaire du Laos, autrefois joué par les Lao de la province du Ratanakiri. Ces instruments sont en déshérence, d'autres ont disparu. Nous ne traiterons ici que des deux premiers instruments. Pour celui des Lao, voir le chapitre dédié au Laos.

 

mbuat - Bunong

L’orgue à bouche mbuat des Bunong du Cambodge comporte six tuyaux de bambou répartis quatre en haut et deux en bas, chacun muni d’une anche libre en bambou ou en laiton. Les anches sont emprisonnées dans une calebasse faisant office de chambre de distribution d’air. Les tuyaux sont fixés à la calebasse avec de la cire. Chaque tube est percé d’un petit orifice que le musicien bouche pour faire vibrer l’anche. Le mbuat est un instrument de divertissement. 


Interprète : Yue M’Bra (80 ans) était, à cette époque, l’un des derniers joueurs d'orgue à bouche. En 2022, nous avons rencontré un autre joueur, mais trop âgé et malade pour jouer.

Lieu & date : Prov. Mondulkiri. Vill. Pu Tam n°4. 11 décembre 2010. 

Durée : 04:56. © Patrick Kersalé 2010-2024.


ploy - Khmer

Le ploy (phloy) se compose d'un sommier piriforme en calebasse dans lequel sont fichés de cinq à sept tubes de bambou (mobot), chacun muni d'une anche libre.

Selon Keo Narom [1], le ploy (phloy) était autrefois joué par les Khmers et diverses minorités ethniques (Kuoy, Po) des régions montagneuses des provinces de Kampong Speu, Kampong Thom et Pursat. Le ploy était principalement un instrument de divertissement, notamment le soir après les travaux champêtres. Dans la province de Kampong Chhang, il animait la danse du bœuf sauvage. Comme son usage tombe aujourd'hui en déshérence, l'organisation Cambodian Living Arts (CLA) a lancé un plan de sauvegarde de sa pratique en organisant un enseignement. Notre vidéo montre les prémices des résultats de ce plan d'action.

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[1] Keo Narom. Cambodian Music. 2005.


Lieu & date : Cambodge, Siem Reap, Festival International des Arts. 10 décembre 2021. Durée : 01:08. © Patrick Kersalé 2021-2024.



Laos

Le Laos est par excellence le pays de l'orgue à bouche. Nous en présentons ici trois types : le plus célèbre, le khene ແຄນ (khaen) joué par les Lao et les Katu, le duar joué par les Oy et le naw, probablement le plus ancien de tous, joué par les Kui Luang. Les Hmong du nord du Laos jouent le khen présenté dans ce même PAE dans le chapitre consacré au Viêt Nam.

 

khene - Lao Loum

L’orgue à bouche en radeau khene ou khaen est l'instrument national du Laos. Il a été inscrit en 2017 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'UNESO sous la mention « La musique du khène du peuple lao ». L'image ci-contre, assortie d'un timbre représentant un khene, est datée de 1959. Sa popularité est aussi rendue notoire par son intégration dans l'instrumentarium de nombreuses ethnies minoritaires du pays.

Si le khene est joué en de nombreuses circonstances, il prend une part particulièrement importante dans les rituels amoureux. On y interprète les airs des chansons d’amour ou l’on accompagne la voix.

Ce type d'orgue à bouche est constitué de cinq à huit paires de tuyaux parallèles d’un diamètre interne de 8 à 12 mm dont les longueurs sont ordonnées de manière décroissante. Les tuyaux de chaque paire se faisant face sont d’égale longueur. Ce n’est pas la longueur apparente de chaque tube qui détermine la hauteur de la note mais celle des deux encoches pratiquées le long de chacun d’eux dans la partie supérieure. La hauteur de chaque note est ajustée de manière définitive par le fabricant. Le nombre total de tuyaux varie de 10 à 18 et la dimension du plus grand d’entre eux peut atteindre trois mètres (voir notre chapitre Thaïlande).

Lors de sa fabrication, les dimensions du khene sont dans un premier temps déterminées par étalons anthropomorphes : coudée, empan, poing et pouce. Dans un second temps, au moment de la réalisation des encoches, l'oreille entre en action pour accorder l'instrument.

Chaque tuyau est muni d’une anche libre en laiton ou en argent (moins sensible à l'oxydation) regroupées dans un sommier de forme oblongue au bout duquel le joueur pose les lèvres. Un petit trou de 2,5 à 3 mm de diamètre est percé le long de chaque tuyau, à quelques centimètres de la chambre de distribution. La répartition de ces trous est réalisée de façon à ce que les doigts les atteignent aisément. L’étanchéité et la fixation des tubes au niveau de la chambre est réalisée avec de la cire d’abeille noire qui ne durcit jamais, ce qui a l'avantage de permettre un changement de tuyau sans détruire l'instrument.

Certaines pièces de musique nécessitant l’utilisation d’un bourdon, on obture alors le trou de jeu du tuyau désiré avec un petit morceau de cire prélevé autour du sommier et l’on joue normalement sur les autres tuyaux.

 

Lieu & date : Laos, vill. Ban That Houey. 7 janvier 2006.

Durée : 04:26. © Patrick Kersalé 2006-2024.

Cette pièce est nommée Lam Saravane. Elle est originellement un chant populaire de la province méridionale de Saravane. Elle est ici uniquement instrumentale. On peut voir, sur le plan large, de gauche à droite : une percussion en bois, un orgue à bouche khene, un luth à manche court et deux tambours kong may so


Troupe Champassak Shadow Theater. Laos.

Lieu & date : Cambodge, Siem Reap. Durée : 01:10. © P. Kersalé 2017-2024.

Ce musicien non-voyant est d'une extrême virtuosité. Il est réputé dans tout le Laos. Le tournage a été effectué au Cambodge où la troupe était invitée.


khaen - Katu

Ce khaen de l'ethnie katu possède 14 tuyaux. Sa technologie est la même que celle des Lao Loum décrite ci-avant. 


Interprète : M. Nith. Lieu & date : Laos, Ban Kendon. 6 janvier 2006. 

Durée : 07:10. © Patrick Kersalé 2006-2024.


duar - Oy

Duo d’orgues à bouche (duar) à six tuyaux répartis ainsi : deux du côté du musicien et quatre à l’opposé. Les deux instruments sont de tailles différentes (l’effet stéréophonique permet de bien distinguer les deux instruments) : le plus grand mesure plus de deux mètres et porte, à une trentaine de centimètres de son extrémité supérieure, une seconde calebasse qui semble avoir un rôle plus symbolique que fonctionnel. Chez les Oy, le jeu du duar accompagne les chants et de danses.

 


Musiciens : M. Khampheng, M. Viraphone.

Lieu & date : Laos, prov. Attapeu, vill. Ban Lanyaotay. 2 mars 1999.

Durée : 01:22. © Patrick Kersalé 1999-2024.


naw - Kui Luang

Orgue à bouche naw. Ethnie Kui Luang. Laos.
Orgue à bouche naw. Ethnie Kui Luang. Laos.

Ces musiciens de l'ethnie Kui Luang du nord du Laos jouent de l'orgue à bouche naw en tournant autour d'un pilier. L'instrument comporte cinq tuyaux et un conduit tubulaire en bambou ou en matériau de synthèse fiché dans le sommier. 

Musiciens connus : Phofan, Phodo et Phokon.

Lieu & date : Laos, prov. Luang Namtha, dist. Meuang Long. Janvier 2018.

Durée : 01:56. © Marie-Pierre Lissoir 2018-2024. Courtoisie Traditional Arts and Ethnology Centre (TAEC) Luang Prabang.



Japon

Le shō 笙 japonais a été introduit de Chine durant la période Nara (710 à 794 AEC). Il descend du sheng chinois de l'ère de la dynastie Tang. Il se compose de 17 tuyaux de bambou organisés en cercle. Deux des tuyaux sont silencieux, bien que les recherches suggèrent qu'ils ont été utilisés dans certaines musiques pendant la période Heian. Selon la tradition, le son de l'instrument imite l'appel d'un phénix. Ce serait pour cette raison que les deux tuyaux silencieux auraient été conservés comme élément esthétique rappelant les ailes du mythique volatile.

Le shō est l'un des trois principaux instruments à vent utilisés dans la musique gagaku de la cour impériale.


Musicien : Jumpei Ohtsuka. Lieu & date : Japon. 2015.

Durée : 04:25. © Jumpei Ohtsuka 2015-2024.



Thaïlande

À l'instar du Laos, la Thaïlande est le pays de l'orgue à bouche. Les Thaï, les Lao et les Hmong des montagnes du nord le jouent. Nous présentons ici trois instruments d'exception du Musée national de Bangkok. Ils étaient les instruments préférés du vice-roi Pinklao. Les ligatures de métal précieux et les sommiers sont richement décorés. La présence du personnage donne une idée de la taille des instruments.



Viêt Nam

L'orgue à bouche n'est pas un instrument véritablement connu au Viêt Nam car il n'était pas joué à la cour impériale et n'a jamais été intégré dans aucun orchestre populaire de l'ethnie majoritaire et dirigeante, les Viêt. Il est pourtant l'un des plus anciens instruments que l'on connaisse sur ce territoire, avant même l'existence du Viêt Nam proprement dit.

L'incursion de diverses populations sur ce territoire a conduit à enrichir le nombre de types d'orgues à bouche : sociétés originaires du Pacifique installées dans les forêts des hauts-plateaux de la cordillère annamitique (Êđê, Mnong, Raglai), populations venues de Chine (Hmong, Xa Pho), du Laos (Thái).

 

đing nam - Êđê

L'orgue à bouche đing nam des Êđê possède six tuyaux de bambou. Chaque tube est muni, sur sa partie latérale inférieure, d’une anche libre en bambou. Les tuyaux traversent une calebasse piriforme faisant office de chambre de distribution d’air. La partie caudale de la calebasse est naturellement coudée et terminée par un petit tube de bambou permettant l’insufflation et l’aspiration de l’air, l’anche vibrant dans des deux cas. Les tuyaux sont fixés à la calebasse avec de la cire selon deux groupes de trois fichés en V dans le sommier. Chaque tube est percé d’un petit trou latéral que l’on bouche, selon le cas, avec le pouce ou un doigt pour mettre l’anche en vibration. La main gauche joue sur les trous du plan supérieur et la main droite sur le plan inférieur. Au cours du jeu, une personne [chanteur(euse)] génère un léger vibrato en bouchant et débouchant incomplètement et alternativement la partie inférieure de l’un des tuyaux.


Lieu & date : Viêt Nam. Province du Dak Lak, vill. Buôn Ako Dhong. Avril 1997.

Durée : 01:19. © Patrick Kersalé 1997-2024.

Dans cet enregistrement, un chœur de femmes chante en hoquet, doublant ainsi la partie tenue par l’orgue à bouche. Le timbre des voix tend à se fondre avec celui de l’instrument. Cette forme musicale, nommée aê rêi, est interprétée lors de circonstances joyeuses ou lors des funérailles, seul le texte de la soliste étant adapté à la circonstance.


khen - Hmong

Fabrication

Le khen (qeej) des Hmong, à l'instar de tous les autres orgues à bouche d'Asie du Sud-Est, sont fabriqués artisanalement, le plus souvent à l'unité. Les fabricants sont toujours des joueurs. La fabrication d'un khen est un long processus, d'autant plus que les fabricants ne vivent pas de cette activité qu'ils partagent avec la riziculture. Si le khen se caractérise par sa forme avec son angle à 90° entre le sommier et les tuyaux, il se distingue aussi par la facture du sommier en bois en forme de massue. Une pièce de bois blanc est coupée en deux longitudinalement avec la scie présentée dans la galerie d'images ci-dessous. Les deux coques sont évidées puis assemblées avec des liens d'écorce brunâtre. Les anches en laiton sont fabriquées à partir de matériau de récupération que le facteur doit battre jusqu'à obtenir l'épaisseur souhaitée. Une autre particularité du khen est que le plus gros tuyau comporte trois anches.

 

Usage

Les Hmong communiquent avec les mânes à l’aide de l'orgue à bouche en narrant les textes sacrés sous une forme codée du langage courant. Pour ce faire, le musicien suit mentalement le texte, qu’il sait également chanter, reconnaissant instinctivement les différents tons de la langue pour les retranscrire d’une manière codée sous forme de notes et d’accords. Le langage du khen ne cherche pas à reproduire ou à venir à proximité des tons, ce sont les notes et les accords eux-mêmes qui les représentent. Si, au cours du jeu, il arrive que deux tons identiques doivent être joués consécutivement, ce qui constitue une impossibilité dans le système de codage, on modifie la réalisation de l’un des deux. La complexité de ce système constitue une science dont le décryptage est réservé aux seuls initiés. En chantant les textes rituels ou en les jouant sur l’orgue à bouche, les Hmong tentent de se débarrasser à jamais des âmes rodant dans l’espace vital des vivants en leur décrivant le chemin à emprunter pour gagner l’au-delà.

 

Pour connaître l'origine légendaire du khencliquant ici

 

La danse du khen

Chaque pièce de musique est accompagnée d’une danse exécutée par le musicien lui-même. Le corps du musicien-danseur vire à droite, à gauche, fait volte-face, parfois s’accroupit puis rebondit, accélérant, ralentissant, fait une roulade. Lorsque plusieurs joueurs de khen jouent et dansent simultanément, on a l’impression d’une chorégraphie organisée, mais il s’agit en réalité de la juxtaposition d’expressions individuelles donnant une illusion de ballet.

Les chorégraphies peuvent avoir une signification complexe. Par exemple, le musicien interprète sur le khen une pièce funèbre expliquant au défunt la voie à emprunter pour se rendre dans le monde de l’au-delà tout en prenant un soin spécial pour dissimuler la trace du retour. L’interprétation du passage concernant cette « dissimulation » s’accompagne de pas de danses avec de fréquents changements de direction afin de brouiller les pistes pour que l’esprit du défunt ne revienne pas hanter le monde des vivants.

Musicien : Trang Vang Sinh.

Lieu & date : Viêt Nam. vill. Ze Phin. 29 novembre 2005.

Durée : 01:58. © Patrick Kersalé 2005-2024.


Autres

Nous avons intitulé ce chapitre « Autres » car malheureusement, les deux orgues à bouche présentés en image n'étaient plus joués lorsque nous sommes passés dans les villages (première date du copyright en légende).

Le premier est très grand orgue à bouche then autrefois joué par les Röngao et le second, le petit orgue ma nhi des Xa Pho. Lors de notre mission, l'un est l'autre n'étaient plus en état de marche. Ils ont été embouchés uniquement pour la photographie.