L'animal et la musique


Vaste programme aux multiples entrées ! Il n'est pas question ici d'aborder l'exhaustivité d'un tel sujet mais d'offrir quelques exemples de relation liant l'Homme et l'animal à travers les sons et la musique : instruments zoomorphes, imitations, réponses à des stimuli sonores… Comme l'animal entre dans la facture instrumentale par l'utilisation de parties de son corps (coquille, corne, os, peau, sabots…), nous avons traité le sujet à partir de quelques exemples parmi des centaines. Nous n'abordons ni le cas des oiseaux, ni celui du loup, traités dans deux autres PAE.

 

Textes, photos, vidéos © Patrick Kersalé 2011-2024, sauf mention spéciale. Dernière mise à jour : 29 août 2024.


SOMMAIRE

Instruments zoomorphes

. Cithare-crocodile

Relation Homme-animal

. Les charmeurs de serpents

. Le charmeur d'ânes

. Le chien qui chante

Imitation

. Bétail

. Batraciens

. Gibbons

. Lion



Instruments zoomorphes

Cithare-crocodile

Le Myanmar compte plusieurs instruments zoomorphes originaires de l'ethnie môn, aujourd'hui en déshérence. GeoZik a pu enregistrer l'un des derniers joueurs de cithare-crocodile de l'ethnie môn en février 2012, Monsieur Nai Tun Sein. Lui-même ne possédait plus d'instrument. Vous avons dû dénicher un vieil instrument inutilisé, réparé et accordé à la hâte par le musicien. On comprendra alors le style un peu décousu et l'accord imparfait. 

L'instrument est nommé kyam en langue môn et mi gyaung en birman.

 

Lieu & date : Myanmar, Kyaikmaraw. 3 février 2012.

Durée : 04:35. © Patrick Kersalé 2012-2024.



Relation Homme-animal

Les charmeurs de serpents

Les recherches récentes à propos de la relation entretenue par les animaux avec la musique ne concluent aucunement en faveur d’un quelconque goût pour les chants pygmées ou un concerto de Mozart. Même chez les primates, la caractérologie sonore doit se rapprocher des sons qu’ils peuvent eux-mêmes émettre pour obtenir une réaction de leur part. Comme chez les humains, l’accès à la musique n’est pas du domaine de l’inné mais de l’acquis. Le mélomane peut être sensible à une sonate de Bach, mais pas au gamelan balinais. Quant au musicien, il peut retenir et reproduire facilement une mélodie et un rythme culturellement cohérents, mais plus difficilement une série de notes prises au hasard en arythmie. Il semble en être de même pour les animaux. L’homme, dans sa soif de pouvoir, a toujours essayé de communiquer avec les animaux sauvages et domestiques. Il suffit pour cela de se référer par exemple au célèbre « Joueur de flûte de Hamelin ».

En Inde, au Sri Lanka, au Bangladesh ou encore au Népal, officient des charmeurs de serpents appartenant au groupe social des Sapera. Leur rôle est de fabriquer des antipoisons pour soigner les villageois mordus par les cobras. En effet, c’est un danger bien réel qui continue de faire des victimes parmi les paysans. On peut alors se demander pourquoi les charmeurs de serpents ne se font pas attaquer par leurs propres reptiles. La réponse est qu’ils se font parfois attaquer ! Nous avons pu le constater nous-même en discutant avec des Sapera. L’un d’entre eux nous a montré son ventre comportant une impressionnante plaie ouverte. Afin de limiter tout risque d’attaque du musicien ou des spectateurs, les Sapera extraient les crochets et les sacs à venin de leurs cobras. Une pratique que d’aucuns critiquent aujourd’hui dans nos sociétés occidentales modernes ; n’oublions pas toutefois que c’est avec ce même venin extrait des glandes des cobras que les Sapera sauvent chaque année des vies humaines. Avons-nous des conseils à donner à plus pauvres que nous, effroyables carnassiers du XXIe s. qui castrons nos animaux domestiques, chiens, chats, chevaux ou ânes, même si chacun a de bonnes raisons de le faire ?

Quelle relation magique existe entre la musique interprétée par le Sapera et le serpent ? On le sait désormais, les serpents n’ont pas d’oreille externe et ne peuvent, à ce titre, entendre quoi que ce soit. En revanche, ils perçoivent les vibrations transmises à travers la matière qui les relie au sol, notamment le pied du musicien frappant le sol. Lorsque le serpent dresse la tête, il est en position de défense et d'attaque. Lorsque l’exercice lui devient pénible, il a tendance à se coucher ; le charmeur le stimule alors physiquement en touchant le panier ou le serpent lui-même afin qu'il reprenne sa position. Par ailleurs, les ondulations de l’instrument jouant face à lui le maintiennent en éveil.

L’instrument à vent est dénommé bin (ou pungi). Il se compose de deux tuyaux : l’un mélodique, en bois, percé de trous de jeu, et l’autre, le bourdon, en métal et sans trou de jeu. L’extrémité supérieure des tuyaux est insérée dans une calebasse dont le rôle est de distribuer l’air aux deux anches idioglottes. Le bin est accompagné par un tambour à tension variable dénommé prenthal par ces musiciens de l’état indien septentrional de l’Haryana ; il est par ailleurs connu sous le nom de bhapang. Il est constitué d’une calebasse piriforme dont on a coupé les deux extrémités. Sur l’une d’elle est tendue une peau de chèvre (⌀ 16 à 18 cm) ; en son centre passe une ficelle traversant l’instrument. L’extrémité libre de la cordelette se termine par une poignée en bois. Pour jouer, le musicien presse l’instrument avec le bras contre son flanc, saisit la poignée et tire la ficelle rythmiquement, faisant ainsi varier la hauteur de la note.

L’activité de charmeur de serpents est interdite par le gouvernement indien depuis 1991 en vertu de la Wildlife Protection Act, 1972. Elle se déroule désormais dans la clandestinité et exceptionnellement, par encadrement de l’état. Les motifs indiqués sont liés à la limitation des prélèvements dans la nature, la lutte contre la maltraitance des serpents (arrachage des crochets et ablation des glandes à venin), la limitation des risques de morsure pour les touristes. Cette vidéo a été réalisée au Népal. Elle révèle les stimulations tactile et visuelle des Sapera sur leurs cobras.

 

Musiciens : Denpat Nat (bin), Bigerder Nat (prenthal).

Lieu & date : Camp de réfugiés tibétains de Tashilling (Népal). Février 2008.

Durée : 03:40. © Patrick Kersalé 2008-2024.


 

Le charmeur d'ânes

Cette séquence, comme la précédente, est en quelque sorte le fruit du hasard. Nous nous trouvions au Népal dans une guesthouse dirigée par deux Françaises, Pauline et Pauline. (Ça ne s’invente pas !). Passionnées par la condition animale, elles avaient recueilli, à l’époque, quatre ânes et deux chiens placés par l’association Animal Nepal, elle-même antenne du célèbre Donkey Sanctuary britannique. Un soir, au coucher du soleil, notre duduk arménien, fidèle compagnon de mission, était de sortie pour qui souhaitait en profiter. C’est alors que les longues oreilles, malgré le bruit des avions qui s’en vont atterrir à l’aéroport de Kathmandu, ont su faire le tri entre bruit et musique. Leur intérêt pour la musique orientale et la chaude sonorité de ce mystérieux hautbois se révéla aussitôt. Jamais de mémoire de hautboïste des auditeurs n’avaient été aussi attentifs et surtout aussi proches. Les ânes ne semblent pas connaître de distance de sécurité ! Leurs oreilles se dressèrent et s’orientèrent à l’envi comme autant de périscopes cherchant à capter la totalité de l’énergie sonore. À un certain moment, nous avons osé une note aiguë hors contexte qui fit réagir les deux compères présents dans le champ de la caméra. Comme à leur habitude, les ânes réagirent à ce paramètre imprévu. Mais ayant enregistré que cette note ne représentait aucun danger physique, ils ne réagirent quasiment pas à la seconde tentative, de même hauteur et même puissance. Ainsi peut-on constater une fois encore que l’âne n’est pas stupide, mais qu’une éducation raisonnée et un entraînement adapté l’amènent dans la plupart des cas à surmonter ses peurs. Les hommes sont-ils tellement différents ? Quant à savoir s’ils préfèrent Bach ou les Rolling Stones, la présente vidéo ne le démontre pas…

 

Musicien : Patrick Kersalé.

Lieu & date : Kathmandu. Février 2008.

Durée : 01:48. © Patrick Kersalé 2008-2024.


 

Le chien qui chante

De récentes découvertes apportent la preuve que le chien est domestiqué par l’homme depuis le Paléolithique supérieur à partir de souches de loups gris. Il est intéressant d’analyser le fait que l’homme, d’un côté, a domestiqué le chien avec patience depuis des milliers d’années et que d’un autre côté, il est parvenu à éradiquer le loup en France ! Un paradoxe ? Le loup est en Europe le seul animal véritablement concurrent de l’Homme : comme lui, il vit en communauté hiérarchisée, possède une intelligence à la fois de groupe et individuelle, ainsi qu’une redoutable capacité d’adaptation, chasse le même gibier, répond de manière vocale à toute sollicitation sonore imitative et représente un danger direct pour lui et son bétail. Mais l’Homme ne peut le soumettre. Un bonne raison pour le haïr et le bannir.

Peut-être comprend-t-on mieux alors pourquoi le chien est le meilleur ami de l’Homme ? Parce ce qu’il obéit et se soumet. Une soumission qui s’acquiert par la communication verbale après apprentissage. Si le chien sait reconnaître des mots associés à des tons, il peut également distinguer diverses musiques.

La présente séquence a été tournée au Cambodge lors d’un enregistrement hors contexte de chants funéraires dénommés smot ស្មូត. Le smot est un chant mélismatique produit par des profanes ou des moines bouddhistes durant les funérailles. Les textes narrent essentiellement des phases de la vie du Bouddha, mais d’autres thèmes peuvent être abordés comme le regret des enfants de voir partir trop tôt un parent. Dans la famille qui nous accueillit pour effectuer ce tournage, fait rarissime, tout le monde chantait le smot : le père, la mère et la fille. Nous avons fait chanter ces trois membres devant notre caméra. Lorsque le père, de sa voix grave, s’est mis à chanter, le chien de la famille est venu s’asseoir près de lui pour “l’accompagner”. Ce manège s’est répété plusieurs fois. Après enquête, le père nous a révélé que son chien ne chantait qu’avec lui et n’avait jamais chanté ni avec sa femme ni avec sa fille.

Une fois encore, quel est le stimulus ? Cet animal est-il plus sensible à la tessiture de son maître ? Reconnaît-il des éléments sonores inscrits dans ses gènes ? Si nous n’avons pas de réponse à apporter sur ce cas précis, reconnaissons au chien sa filiation lupine. En effet, comme nous l’avons évoqué précédemment, les loups répondent généralement aux sollicitations vocales des hommes qui les imitent. 

 

Chanteur : Choeung Diem

Lieu & date : Cambodge, province de Kampot. 2016.

Durée : 02:29. © Patrick Kersalé 2016-2024.



Imitation

Il est probable que l'Homme ait cherché, dès les temps les plus anciens, à imiter les animaux de manière sonore. Le chasseur du Paléolithique avait tout intérêt à apprendre le langage de ses proies. Il disposait de son propre appareil phonatoire et possiblement d'outils sonores (types appeaux) qu'il aurait pu inventer. Mais de cela, nous n'avons aucune trace, si ce n'est le rhombe dans le cas où il aurait cherché quelque imitation sonore animalière.

À partir du Néolithique apparaît une communication bilatérale entre l'Homme et le bétail :

  • L'Homme donne des ordres pour se faire obéir de ses animaux domestiques.
  • Le bétail est muni de sonnailles pour être repéré à distance.
  • Depuis quelques décennies, les appeaux ont changé de fonction, passant des mains des chasseurs à celles des enfants. Les enfants citadins découvrent parfois les animaux sauvages et le bétail à travers des images fixes (photos, dessins) et des objets imitateurs (appeaux, boîtes à bêê, meuh, cuicui…).

Bétail

On trouve, dans le commerce, des “boîtes” manipulables par des enfants de tout âge. Selon le modèle, elles imitent la chèvre (boîte à béê), la vache (boîte à meuh) ou encore un oiseau (boîte à cuicui). Même si elles ne sont pas particulièrement musicales, elles ne manquent jamais de faire sourire les adultes et d'étonner les enfants.

 

Boîte à bêê

Durée : 00:23. © Éditions Lugdivine, Patrick Kersalé 2024.

Boîte à meuh

Durée : 00:21. © Éditions Lugdivine, Patrick Kersalé 2024.


 

Batraciens

En Asie du Sud-Est et en Chine, les batraciens sont associés de longue date à la fertilité. Ils sont, selon certaines croyances locales, annonciatrices de pluie. Pluies attendues de pied ferme au début de la mousson mais aussi redoutées à la période des moissons. Grenouilles ou crapauds sont représentés sur le tympan des tambours de bronze de la période de Ðông Sơn*.

 

Tambour à friction

Description

Ce “tambour-grenouille” est constitué d'une section de bambou tendue une mince membrane du centre de laquelle sort un fil de Nylon. À l'extrémité du fil est inséré un bâtonnet muni d'une dépression l'empêchant de sortir ; la dépression est enduite de colophane afin de râcler le fil. Cet instrument est classé parmi les tambours à friction. 

 

Fonctionnement

Selon le mode de manipulation, on peut imiter le croassement d'une grenouille isolée ou bien d'une colonie de bratraciens.

  • Grenouille isolée. On crée une friction manuelle en maintenant le bâtonnet dans une main et la section de bambou dans l'autre. En obturant plus ou moins l'ouverture du résonateur, on simule l'ouverture de la voyelle du O vers le A. 
  • Colonie de batraciens. Il suffit de maintenir le bâtonnet dans une main et d'appliquer un mouvement centrifuge à la section de bambou.

Grenouille isolée

Durée : 00:16. © Éditions Lugdivine, Patrick Kersalé 2024.

Colonie de batraciens

Durée : 00:17. © Éditions Lugdivine, Patrick Kersalé 2024.


 

Racleur : grenouille isolée

Durée : 00:24. © Éditions Lugdivine, Patrick Kersalé 2024.

Ce tambour à fente est de conception moderne. Il semble avoir été inventé à Hanoi dans les années 1990. Il dérive d'un instrument similaire, le mõ, utilisé par les moines bouddhistes pour rythmer leurs prières. Dès le début des années 2000, il s'est répandu à travers le monde où il est utilisé en pédagogie musicale, voire comme objet décoratif !


 

Gibbon

Durée : 00:42. © Éditions Lugdivine, Patrick Kersalé 2024.

Ce sifflet nasal est utilisé en Amazonie par les chasseurs pour imiter le cri du gibbon et attirer l'animal dans la zone de chasse.

Pour le jouer, on souffle par le nez et l'on module la note en modifiant le volume de la cavité buccale. Par-delà son utilisation originelle, tout type de mélodie peut être interprété.


 

Lion

Cet instrument est connu de quelques ethnies d'Afrique subsaharienne. Dans le royaume Gan du Burkina Faso où a été tournée cette séquence, il est dénommé to.koloma.jara, une association de trois mots de langue jula (dioula) : to — bouillie de céréales ou de tubercules —, koloma — baguette servant à tourner le to lors de sa cuisson — et jara — lion. 

Pour jouer, on renverse la calebasse sur le sol. On met de la cendre de bois sur la face intérieure de l’index ou du majeur. On pose le dessus du doigt sur la calebasse puis on frotte alternativement l’intérieur de la deuxième phalange avec la baguette koloma. Il en résulte un son grossier sensé imiter le rugissement du lion.

Son rôle est d'effrayer les enfants qui pleurent afin qu'ils se calment… Pas gagné !!!

Lieu & date : Opire. Hameau d'Ithabunthanga. Décembre 1999.

Intervenante : Mafomina Farma. Durée : 00:51. © P. Kersalé 1999-2024.



Instruments faits de substances animales

Il existe pléthore d'instruments de musique faits de matières animales. 

  • Tambours à peau (chèvre, vache, buffle d'eau, antilope, serpent…)
  • Hochets (sabots de caprins, cocons…)
  • Trompes (cornes d'antilope, de vache, de buffle…)
  • Olifant en défense d'éléphant (aujourd'hui prohibé)
  • Luth avec caisse de résonance en carapace de tortue ou de tatou (aujourd'hui prohibés)
  • Luths et vièles avec table d'harmonie faites d'une peau tendue.
  • Conques faites de diverses espèces de gastéropodes marins (certains prohibés).
  • Sonnailles de cauris.
  • Etc…

Conque

Le terme tibétain dung-dkar utilisé pour nommer les conques, signifie littéralement “coquille blanche”. Ces coquillages marins sont parfois richement ornementés. La coquille est gravée et l’aile de métal incrustée de pierreries.

Cet instrument trouve son origine en Inde. À la fois à usage guerrier et rituel, il est l’un des huit attributs du dieu Vishnu et figure parmi les huit signes de bon augure du bouddhisme tibétain. La conque est le symbole du son du Dharma qui éveille les êtres du sommeil de l'ignorance et les incite à accomplir le bien pour soi et les autres.

Le jeu de la conque requiert peu de technique, aussi est-elle confiée à de jeunes moines. Contrairement au hautbois qui est joué avec la technique du souffle continu, la continuité sonore est assurée par un jeu alterné avec tuilage : tandis qu’un moine souffle, l’autre respire et ainsi de suite.

 

Durée : 01:33. © Patrick Kersalé 2009-2024.


Corne

En Afrique subsaharienne, les trompes à embouchure latérale dites “traversière” sont faites en corne de mammifère, en bois, en métal, autrefois en défense d’éléphant. Elles sont essentiellement utilisées comme outils de communication distante pour rassembler des individus, annoncer un danger ou, autrefois, rassembler les hommes pour partir guerroyer… On nomme aussi les trompes en corne tout simplement “corne”.


Lieux & date : Vill. de Gblomblora et Bonfesso. Burkina Faso. Janvier 2000. 

Durée : 02:09. © Patrick Kersalé 2000-2024.


Cauris

Dans le royaume Gan du Burkina Faso, les danseurs (hommes seulement) placent autour de leur hanches une ceinture-sonnailles appelée tãgɩna comportant entre 700 et 750 cauris (coquillages servant autrefois de monnaie : Monetaria annulus et Monetaria moneta) attachés par des fils de coton à une ceinture tressée dans le même matériau. Des mouvements de hanches très spécifiques permettent aux cauris de s'entrechoquer.

Les trois tambours de l'ensemble koto qui animent la danse sont recouverts de peau d'antilope.


Durée : 01:33. © Patrick Kersalé 2009-2024.